ProAgro Youth – Diagnostic de l’emploi des jeunes en milieu rural dans les Régions Analamanga, Vakinankaratra, Vatovavy, Fitovinany à Madagascar

Contexte

Le chômage et, surtout, le sous-emploi des jeunes constituent un problème important et croissant en Madagascar, en particulier dans les zones rurales. Cette situation a conduit à des niveaux élevés d’informalité et de pauvreté des travailleurs. Le secteur privé formel crée un nombre insuffisant d’emplois, et les établissements de formation professionnelle ont des difficultés à préparer leurs diplômés aux postes existants. Ainsi, même dans un contexte où l’offre de travail dépasse largement la demande, les entreprises ne trouvent pas d’employés qualifiés à embaucher. L’option la plus probable pour les jeunes est un emploi dans le secteur informel, qui est peu rémunéré et souvent précaire. Les possibilités de travail indépendant sont tout aussi limitées et souvent peu productives. Les entrepreneurs ont des difficultés à accéder au financement et à recevoir des services de développement d’entreprise de qualité. En l’absence d’opportunités, les jeunes ruraux peuvent n’avoir d’autre choix que d’émigrer hors des zones rurales.

ProAgro YOUTH (dans le cadre de la subvention du FIDA “Support to integrated agribusiness hubs initiative”) est coordonné par l’Organisation internationale du travail et mis en œuvre par des partenaires au niveau national. L’objectif global du projet est d’augmenter le nombre d’emplois indépendants et salariés décents pour les jeunes ruraux grâce à des pôles agroalimentaires intégrés. Ce projet soutiendra la mise en place et l’expérimentation de pôles agro-industriels innovants – en appliquant : (i) une approche intégrée et holistique ; (ii) en ciblant les jeunes ruraux, en exploitant leurs talents et en les exposant aux nouvelles technologies et au savoir-faire ; (iii) en les reliant au capital pour accélérer l’emploi indépendant ; et (v) en leur offrant des opportunités de tirer parti de la demande de main-d’œuvre dans tous les segments des chaînes de produits (production axée sur le marché, transformation des produits agricoles et biens et services) – avec pour résultat des agri-préneurs qualifiés, de nouvelles entreprises rurales rentables et des emplois pour les jeunes.

Sur la base du modèle de mise en œuvre des pôles intégrés d’agrobusiness pour les jeunes, l’OIT coordonnera le projet, le bureau de l’OIT Madagascar à Antananarivo accueillant le pôle principal et coordonnera un consortium avec quatre partenaires de mise en œuvre (satellite hubs). Les régions ciblées sont Vakinakaratra, Vatovavy-Fitovinany et Analamanga. Des satellites hubs pour chacune des quatre régions ont déjà été identifiés et une partenaire technique renforcera le lien avec le secteur privé :

• Région de Vakinakaratra : FIFAMANOR (Fiompiana Fambolena Malagasy Norvéziana), le “Centre de recherche et de développement rural en agriculture” accueillera le centre satellite et sera responsable de la majorité des activités destinées aux jeunes.
• Région de Vatovavy-Fitovinany : SEFAFI (Sekoly Fambolena Fiompiana), un institut de formation agricole indépendant qui offre également des services d’incubation, concentre toutes ses activités sur l’amélioration de la productivité agricole et le développement rural.
• Région d’Analamanga : CAPFA est le “Centres d’Appui et de Formation Professionnelle Agricole”, une branche du Ministère de l’Agriculture. Le CAFPA est un centre de formation technique en cours de création d’un incubateur.
• Partenaire technique : FIHARIANA, fournira des liens vers les employeurs, l’accès au financement et des ressources et outils pour la création d’entreprises.

Pour atteindre ces objectifs, ProAgro YOUTH soutiendra le développement des entreprises rurales et des chaînes de valeur afin que le secteur privé puisse se développer et créer des emplois plus nombreux et de meilleure qualité tout en fournissant aux jeunes des zones rurales les compétences nécessaires pour accéder à un emploi ou lancer leur entreprise. ProAgro YOUTH créera de nouvelles entreprises agroalimentaires ou aidera les jeunes à passer à un emploi de qualité dans les chaînes de valeur agricoles. Les principales activités comprennent l’accès au financement, le placement, la formation technique et professionnelle, le coaching, l’incubation et l’accès au financement. Le projet permettra de créer 1 500 emplois directs créés (emplois salariés ou auto-emplois).

Le projet comporte une forte composante de gestion des connaissances et de dialogue politique basée sur les faits, dont l’objectif est de soutenir la conception et la mise en œuvre du projet par le biais de diagnostics, d’évaluations et de S&E, tout en informant activement les processus politiques clés en matière d’emploi rural. Dans ce contexte, ProAgro YOUTH réalisera un diagnostic de l’emploi rural afin de fournir des recommandations et des conseils au projet sur la composition, les défis et les opportunités de l’emploi des jeunes ruraux dans les zones ciblées. L’étude contribuera à la compréhension des déficits de travail décent et de leurs causes sous-jacentes et identifiera les secteurs et les chaînes de valeur ayant un potentiel de croissance et d’opportunités d’emploi pour les jeunes dans les zones d’interventions.

Objectif et portée du travail

Objectif

Le projet est actuellement dans la phase de démarrage où le travail de fond et de préparation est effectué. Il s’agit d’une période où un travail d’évaluation et de cadrage sera effectué pour affiner la conception du projet, sélectionner les chaînes de valeur et adopter des stratégies de ciblage sur la manière de sélectionner les jeunes qui bénéficieront finalement des activités du projet. Le diagnostic de l’emploi rural sera unecaractéristique majeure de la phase de démarrage et de pré-hub du projet*. Une analyse de la chaîne de valeur et une étude de sélection du secteur* ainsi qu’une évaluation de la capacité institutionnelle seront menées en parallèle et le consultant devra se coordonner étroitement avec ces autres études.

Le diagnostic portera principalement sur les économies rurales des quatre régions, Vakinakaratra, Vatovavy- Fitovinany et Analamanga, en mettant l’accent sur le secteur agroalimentaire.

L’objectif principal de l’évaluation est de fournir des conseils opérationnels et des recommandations au projet sur la base d’une compréhension du fonctionnement des marchés du travail ruraux pour les jeunes. Les recommandations doivent viser à améliorer et à affiner la conception du projet afin de s’assurer que les bénéficiaires sont liés à des opportunités d’emploi salarié et indépendant de qualité dans l’agrobusiness. Pour ce faire, l’étude évaluera les défis et les opportunités de travail décent pour les jeunes dans les chaînes de valeur rurales, en mettant l’accent sur les secteurs et sous-secteurs de l’agriculture et de l’agrobusiness.

Un objectif principal secondaire des diagnostics (ainsi que celui de l’analyse de la chaîne de valeur) sera d’affiner le ciblage des zones/régions cibles du projet.

Portée des travaux

Plus précisément, le diagnostic vise à fournir à l’équipe du projet des preuves et des conseils sur les questions suivantes :

1. Obstacles/contraintes communs et facteurs sous-jacents qui limitent l’accès et la participation des jeunes ruraux à certaines chaînes de valeur agricoles ;
2. Fournir plus de spécificité sur les groupes cibles prévus pour le projet (c’est-à-dire les jeunes déjà dans l’agrobusiness, les anciens diplômés de l’EFTP ou d’autres programmes d’apprentissage, les travailleurs dans les entreprises agricoles et non agricoles opérant le long de la chaîne de valeur, les jeunes NEET ruraux, les jeunes femmes dans l’économie solidaire, les chômeurs qualifiés, les entrepreneurs écologiques, etc.
3. Examiner la possibilité de cibler trois régions différentes (et des zones locales sélectionnées) sur la base des ressources disponibles et faire des recommandations sur un ciblage régional et sous-régional plus poussé ;
4. Étudier les perspectives de croissance économique dans l’économie rurale en mettant l’accent sur la manière de supprimer les goulets d’étranglement et la croissance de la productivité dans des secteurs et des chaînes de valeur ciblés. Recommander les types d’interventions nécessaires pour stimuler les possibilités d’emploi salarié et indépendant, c’est-à-dire l’intégration dans l’économie mondiale/les chaînes de valeur, le développement du marché (c’est-à-dire les intrants agricoles : équipements, semences, engrais, les besoins en matière de post-récolte, d’agro-transformation et d’industrie des services, etc.), ainsi que les défis découlant du changement climatique et les possibilités offertes par les nouveaux marchés verts ;
5. Identifier les besoins en matière de développement des compétences et les lacunes/manques de compétences pour les jeunes (hommes et femmes) dans l’agroalimentaire en milieu rural, en mettant l’accent sur les apprentissages, l’EFTP et d’autres formes d’apprentissage en milieu professionnel ;
6. Identifier les besoins en matière de développement commercial liés à l’activité indépendante, tels que l’accès au financement et aux ressources productives, avec un potentiel plus élevé, en mettant l’accent sur les défis auxquels sont confrontées les jeunes femmes ;
7. Cartographier les employeurs potentiels de l’agrobusiness dans certains secteurs et chaînes de valeur liés à l’agrobusiness et évaluer leurs possibilités et leur volonté d’accueillir des jeunes dans le cadre d’arrangements WBL (tels que des apprentissages, des stages, etc.).
8. Fournir au projet des recommandations pour soutenir les “emplois et compétences verts” dans les chaînes de valeur sélectionnées.
9. Identifier les principales parties prenantes avec lesquelles s’engager dans le développement et la mise en œuvre des interventions spécifiques, comme avec les employeurs potentiels des participants au Hub et des diplômés, à suivre dans le cadre du projet ; réaliser une cartographie des acteurs engagés dans les domaines identifiés dans l’analyse ci-dessus, et suggérer les domaines dans lesquels l’OIT et ses partenaires pourraient avoir un avantage comparatif / ajouter de la valeur / combler les lacunes.

Pour une vue d’ensemble du marché du travail (emplois indépendants et salariés), il est suggéré d’organiser l’analyse en fonction (1) du côté de la demande (opportunités d’emploi, employeurs), (2) du côté de l’offre (profil des jeunes, opportunités de formation/compétences) et (3) du fonctionnement du marché du travail rural (intermédiation, orientation professionnelle, services de développement des entreprises, etc.)

L’approche méthodologique des évaluations sera largement basée sur le “Employment Diagnostic Analysis : a methodological guide” (ilo.org) développé par l’OIT en 2012, ainsi que sur le “Informal Economy Diagnostic tool” de l’OIT[1] . Cependant, en fonction du contexte du pays tel que déterminé lors de la conceptualisation initiale du diagnostic, ainsi que compte tenu de la disponibilité limitée des données secondaires, une adaptation spécifique au contexte de ces directives sera nécessaire afin d’obtenir des résultats fiables et utiles. Cela inclura la collecte substantielle de données primaires principalement qualitatives au niveau du terrain.

Méthodologie

L’étude adoptera les approches suivantes pour comprendre la dynamique de l’emploi des jeunes ruraux dans le secteur de l’agrobusiness en Madagascar :

1. Examiner la littérature et des données secondaires, y compris les documents de projet, les évaluations, les études antérieures sur le marché du travail et les documents politiques, notamment ceux liés à la sécurité alimentaire et à la nutrition, à l’agriculture et au développement rural, ainsi qu’aux cadres et politiques de réponse au changement climatique (adaptation et atténuation).
2. Évaluer la disponibilité des statistiques relatives au travail, y compris celles de l’enquête sur les forces de travail ou d’autres enquêtes comportant des données sur le travail rural/les jeunes ruraux, éventuellement ventilées par sexe.
3. Mener des recherches primaires dans les zones locales identifiées par le projet en utilisant principalement des techniques qualitatives et non représentatives, des entretiens avec des informateurs clés, le changement le plus significatif, des groupes de discussion, des enquêtes rapides. Les entretiens doivent impliquer des bénéficiaires potentiels du projet, des employeurs potentiels, des partenaires gouvernementaux, des prestataires de formation, des partenaires de développement commercial, etc. Le consultant doit mener un minimum de 50 entretiens. Les enregistrements des entretiens sont transcrits.
4. Analyser les données sur la base du cadre analytique convenu
5. Rédaction de rapports

Les participants potentiels à l’étude sont les suivants :

1. Jeunes ruraux (18-29 ans) : bénéficiaires potentiels
2. Institutions d’éducation et de formation pour les jeunes (en particulier celles qui dispensent un enseignement technique et professionnel)
3. Associations/organisations d’employeurs, principalement des associations du sous-secteur agricole, y compris une sélection d’entreprises agroalimentaires
4. Les décideurs politiques tels que les ministères, les agences et les départements, y compris les représentants des gouvernements locaux.
5. Fournisseurs de services d’emploi – publics, privés, ONG, universités/collèges, agences de recrutement, etc.
6. Agences/institutions ayant une expertise en matière de changement climatique, de développement rural durable et d’approches intelligentes du climat dans l’économie rurale.
7. Parties prenantes pertinentes de la communauté agricole au sens large
8. Agences de développement
9. les entreprises TIC fournissant des solutions liées à l’agrobusiness et les organisations agroalimentaires du secteur privé (nationales ou locales), par exemple les transformateurs de jus, les négociants en lait, sur la base de la chaîne de valeur des pôles agroalimentaires.
10. Fournisseurs d’énergie renouvelable

Produits livrables

NOTE : Le niveau d’effort (jours ouvrables) indiqué dans le tableau ci-dessus doit être considéré comme des lignes directrices pour les consultants lors de l’élaboration des propositions techniques et financières. Des écarts par rapport à ces lignes directrices sont possibles et doivent être justifiés dans la proposition. Les consultants peuvent également suggérer d’inclure des assistants de recherche ou des consultants juniors dans la mission (dont la gestion et les paiements seraient de la seule responsabilité du consultant principal), à condition que le consultant principal entreprenne la grande majorité du travail requis.

Livrable 1 : Rapport de démarrage qui met en évidence l’interprétation des TdR et la façon dont la mission sera menée et contient une description détaillée de la méthodologie, y compris les outils finaux de collecte de données. Le rapport initial est sujet à au moins une série de révisions pour incorporer les commentaires du BIT.

Livrable 2 : Fournir une documentation détaillée sur les recherches primaires et secondaires (quantitatives et qualitatives), tant sur dossier que sur le terrain. Cela comprend un enregistrement structuré de toutes les données recueillies (dans le cas d’enquêtes ou d’entretiens) et des rapports de synthèse de toutes les consultations qui ont été menées dans des formats préalablement convenus avec le BIT.

Livrable 3 : Projet de rapport (en format Word) qui détaille les conclusions sur tous les aspects mis en évidence dans la portée du travail.

Livrable 4 : soutien à l’OIT pour l’organisation de quatre consultations de validation, une consultation par région pour les quatre régions. Diriger la conception des réunions, faciliter les discussions, présenter les résultats de l’étude (en PPT suivant le template de l’OIT) et fournir un résumé des discussions.

Livrable 5 : Rapport final (en format word et pdf) disponible après l’incorporation des commentaires reçus lors des consultations de validation et au moins 1 cycle de feedback de l’OIT. Toutes les figures et tous les graphiques inclus dans le rapport sont disponibles dans un format modifiable. Tous les graphiques sont fournis dans une feuille MS-Excel bien documentée. En outre, un jeu de diapositives révisé (en format PPT, suivant la marque de l’OIT) est fourni.

Il est possible de s’écarter de ces résultats et de ce calendrier, mais cela nécessite des consultations avec de l’OIT et une approbation écrite de sa part.

Calendrier de paiement

1. Un premier paiement de 20 pour cent du volume total du contrat sera effectué après soumission du livrable 1 à la pleine satisfaction de l’OIT et sur présentation d’une facture.
2. Un second paiement de 40 pour cent du volume total du contrat sera effectué sur présentation des livrables 2 et 3 à la pleine satisfaction de l’OIT et sur présentation d’une facture.
3. Un premier paiement de 40 pour cent du volume total du contrat sera effectué après la soumission des livrables 4 et 5 à la pleine satisfaction de l’OIT et sur présentation d’une facture.

Dotation en personnel, rôles et rapports

Le contractant travaillera sous la supervision du Directeur du Bureau de Pays de l’OIT et en collaboration avec la Coordonnatrice Nationale du projet et de la Chargée de Programme. Le consultant recevra également des conseils techniques de l’équipe du travail décent de l’OIT à Pretoria, de l’équipe YOUTH de l’OIT, de l’unité STRATEGIES de l’OIT et du Bureau régional de l’OIT pour l’Afrique.

Clauses spécifiques

Tout au long de cette mission, le contractant fera un rapport hebdomadaire de l’OIT pour la coordination et le suivi. S’il apparaît nécessaire de modifier les tâches de travail ou de dépasser le temps alloué, le contractant doit discuter des circonstances avec l’OIT et obtenir une approbation écrite préalable. L’OIT peut divulguer le projet de rapport ou le rapport final et/ou toute information connexe à toute personne et à toute fin que l’OIT jugera appropriée.

Expérience et qualifications requises

1. Un minimum d’une maîtrise en économie du travail, en statistiques du travail, en économie agricole, en statistiques de transformation ou dans un domaine connexe.
2. Au moins 5 ans d’expérience dans la conduite de recherches sur le développement combinant des méthodes quantitatives et qualitatives, ou d’études connexes dans le domaine de l’agroalimentaire ou un domaine connexe.
3. Bonne compréhension des marchés du travail (des jeunes) et du travail de développement de la chaîne de valeur agricole en Afrique, notamment en Madagascar.
4. Bonne compréhension des défis et opportunités liés au changement climatique et à la durabilité dans les zones agricoles/rurales du pays.
5. Connaissance des principaux concepts de genre à appliquer à l’analyse
6. Bonne compréhension des concepts de hub ou de centre d’incubation, en particulier appliqués à l’agriculture et aux sous-secteurs connexes.
7. Excellentes capacités d’analyse, de communication et de rédaction en francais

Confidentialité

Toutes les données et informations reçues de l’OIT dans le cadre de cette mission doivent être traitées de manière confidentielle et ne doivent être utilisées que dans le cadre de l’exécution des présents termes de référence. Tous les droits de propriété intellectuelle découlant de l’exécution des présents termes de référence sont cédés de l’OIT. Le contenu des documents écrits obtenus et utilisés dans le cadre de cette mission ne peut être divulgué à des tiers sans l’autorisation écrite préalable de l’OIT.