Analyse des dynamiques de paix et des conflits dans les regions frontalieres du Mali et du Niger

Projet : « Approche multisectorielle de renforcement de la résilience des communautés rurales dans les régions frontalières du Mali et du Niger affectées par des années de conflit et de changement climatique »

ANALYSE DES DYNAMIQUES DE PAIX ET DES CONFLITS DANS LES REGIONS FRONTALIERES DU MALI ET DU NIGER

1. Introduction

Depuis septembre 2022, les deux organisations internationales arche noVa (le lead) et ASB, et leurs deux partenaires nationaux Nouveaux Horizons et Adkoul, conduisent en consortium un projet qui vise à « renforcer la résilience des réfugiés, des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays et des communautés rurales hôtes dans les régions frontalières de Gao (Mali) et de Tahoua (Niger), qui ont été touchées par des années de conflits et d’événements météorologiques extrêmes dus au changement climatique ». Cela se fera par des mesures de protection dans les domaines de l’adaptation au climat, de la promotion de la sécurité alimentaire et des revenus, de la remise en état des infrastructures hydrauliques et agricoles et des opérations de maintien de la cohésion sociale. Le projet est financé par le Ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ), dont les Objectifs de Développement Durable des Nations Unies et l’** Accord de Paris sur le climat **constituent le cadre d’actions.

Nous sommes des organisations non gouvernementales et sans buts lucratifs, solidaires aux côtés des peuples qui se battent pour contribuer à un avenir meilleur où chaque citoyen pourra jouir pleinement et totalement de ses droits à la vie, à l’équité et à la sécurité.

En tant qu’organisations apprenantes, nous accordons une grande importance à l’analyse de nos actions. C’est pourquoi nous souhaitons également mener une analyse approfondie du contexte et des interventions possibles dans notre volet de la promotion de la paix et de la cohésion sociale, afin de trouver des réponses adaptées à l’amélioration de la cohésion sociale et de faire en sorte que nos actions soient les plus bénéfiques possibles pour les populations concernées.

Pour atteindre cet objectif, nous devons encore mieux connaître et comprendre des défis et des enjeux complexes au plan politique, socio-culturel, anthropologique et religieux complexes qui régissent la vie des habitants de ces deux zones. La présente étude s’inscrit dans notre volonté d’analyser les réalités (également des populations marginalisées), d’en tirer des enseignements et de trouver des réponses appropriées pour améliorer la cohésion sociale.

2. Contexte et justification

Depuis plus d’une décennie, le tableau de l’Ouest sahélien est caractérisé par une multiplication des groupes armés et une fragilisation des institutions étatiques déjà précaires. Le Mali, le Niger et le Burkina Faso sont devenus un terreau fertile par excellence des groupes armés terroristes, des bandits et trafiquants de tous ordres. La sécurité, l’extrême pauvreté, le changement climatique, les sécheresses et crises alimentaires fréquentes, la croissance rapide de la population, conjugués à des gouvernances fragiles constitue les défis majeurs dans ces trois pays. Selon le CIRC, « changement climatique et conflits forment un cocktail explosif au Sahel ». Les effets du changement climatique exacerbent les conflits intercommunautaires au Mali comme au Niger : la rareté des ressources couplée aux mouvements migratoires crée une situation tendue. Les jeunes en particulier sont placés dans une situation précaire et vulnérable par l’absence d’emploi et de perspectives ainsi que par les nombreuses fermetures d’écoles.

Cette situation impacte fatalement le développement socio-économique des pays et l’atteinte des objectifs de développement durable. Le projet se veut une contribution aux nécessités complexes que vivent les populations des deux régions au Mali et au Niger. La zone est composée des départements de Tillia, Tchintabaraden et Abalak, au nord de la région administrative de Tahoua (Niger) ainsi que des cercles de Gao, Ansongo et Bourem de la région de Gao (Mali) frontalière avec le Niger et le Burkina. Les deux régions forment un centre des flux migratoires. Le projet vise à renforcer la résilience des réfugiés, des personnes déplacées et des communautés rurales hôtes de la zone d’intervention du projet.

Les communautés dans ces régions, naguère animées de compétitions fréquentes pour le contrôle des ressources, étaient reconnues capables d’entretenir des équilibres sociaux notamment par la cohésion sociale, socle de leur coexistence. Aujourd’hui, les conséquences directes des conflits armés imposent la recherche de nouveaux équilibres. Les dégradations répétitives du contexte sécuritaire de part et d’autre des deux frontières des régions d’intervention du projet viennent reconfirmer cette nécessité. Aussi, est-il crucial de conduire une analyse pertinente des dynamiques de paix et de conflits permettant de dégager des stratégies et actions concrètes pour renforcer la coexistence pacifique entre les communautés vivant dans ces zones.

C’est dans cette perspective qu’une étude va être conduite par un (1) ou groupe de consultants (par exemple au Niger et au Mali) pour permettre d’analyser les déterminants clés des conflits, les dynamiques et acteurs dans la zone d’intervention permettant de mieux comprendre les sources des conflits et de proposer des points d’entrée pour de futures activités de cohésion sociale et de promotion de la paix. C’est pourquoi, des mesures contribuant à renforcer le dialogue, les mécanismes locaux de prévention et gestion de conflits, la gouvernance locale et la cohésion sociale entre déplacés, réfugiés et hôtes s’avèreront nécessaires. Il en sera de même en ce qui concerne les rôles joués par les autorités traditionnelles impliquées dans les mécanismes de règlement des différends locaux, par les organisations/associations nationales et internationales afin de soutenir leurs efforts de la consolidation de la paix.

Pour l’opérationnalisation du projet, les deux contextes sont affectés par des contraintes d’accès géographique assez critiques. Ces contraintes sont notamment liées à l’insécurité, aux mauvais états des routes, aux impacts des mesures administratives telles l’application de l’état d’urgence et à la fermeture de certains marchés.

3. Objectif de l’étude

L’objectif de cette étude est de conduire une analyse contextuelle des acteurs, des initiatives et mécanismes internes et transfrontalières existantes de résolution des conflits et proposer des stratégies et actions concrètes pour la prévention et la gestion des conflits dans les zones frontalières (Mali-Niger).